François Hollande, qui se dit féru de sport, aurait peut-être préféré s’en tenir aux pronostics de médailles. Le président de la République a pourtant dû s’éloigner de ces conjectures sportivo-sportives, vendredi 5 août, à quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, lors de son second jour de visite à Rio de Janeiro.
Au Brésil pour promouvoir la candidature de Paris à l’organisation de l’événement en 2024, le chef de l’Etat s’est efforcé de rassurer l’opinion sur le « savoir-faire » de la France à « organiser de grands événements » sportifs. Et surtout, dans un contexte où la menace terroriste se fait de plus en plus en pesante, à en assurer la sécurité.
Face à la concurrence de Los Angeles, Budapest et Rome, la question aura son importance pour les électeurs du Comité international olympique (CIO) qui désigneront le 13 septembre 2017, à Lima, au Pérou, la future ville hôte. A l’étranger, le sujet préoccupe déjà. Du moins si l’on en juge par les deux premières questions de médias anglo-saxons en conférence de presse, dans le quartier de Barra da Tijuca, près d’un hôtel de luxe comme il en pousse à présent sur le littoral.
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François Hollande a d’abord écarté l’idée selon laquelle Paris représenterait une cible particulière depuis les attentats du 13 novembre 2015 dans la capitale et à Saint-Denis. « Le monde entier [est désormais] sous la menace du terrorisme, affirme-t-il. Aucune ville, aucune région ne peut se penser à l’abri. »
Bon déroulement des compétitions
A sa veste, le président arborait le logo Paris 2024, des traits polychromes laissant deviner une tour Eiffel. Mais plutôt que de jouer la carte du patrimoine, il a préféré revenir sur le bon déroulement des compétitions organisées en France « dans un passé récent ». Ont été évoqués le Tour de France, qui a mobilisé 23 000 policiers et gendarmes cet été, mais aussi Roland-Garros et le Marathon de Paris. L’Euro 2016, bien sûr, figure sur la liste. Mais au prix d’une omission : aucune allusion aux violences survenues en début de tournoi, à Marseille, entre hooligans russes et anglais.
Tout argument étant bon à prendre, une mention a également été faite de la COP21. La conférence climatique s’était tenue au Bourget, en Seine-Saint-Denis, un mois à peine après les attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis. « Nous avons été éprouvés par des attaques, nous en avons déjoué d’autres. Nous avons aussi su encore mieux nous protéger, et protéger les grands événements. »
Le chef de l’Etat avait bien annoncé, dans son discours du 14-Juillet, vouloir lever l’état d’urgence décrété il y a maintenant neuf mois. Mais l’attentat qui a ensanglanté Nice le soir même l’a finalement poussé à prolonger de six mois supplémentaires cette mesure spéciale.
Sans attendre aucune « compassion » de la part des membres électeurs du Comité international olympique, le président estime justement que des Jeux 2024 à Paris auraient « une portée et une signification. Nous partageons avec le CIO les valeurs de l’olympisme : excellence, effort, respect, notamment celui de la diversité, paix et solidarité. Ces valeurs font écho aux valeurs de la République française : “Liberté, Egalité, Fraternité”. Elles donnent la meilleure réponse aux défis que le monde rencontre aujourd’hui et continuera à affronter demain. »
Soudain plus évasif, le chef de l’Etat a gardé pour lui la teneur de sa rencontre avec l’Allemand Thomas Bach, président du CIO. Le discours est rodé et la stratégie de communication, étudiée. Si la candidature pour les Jeux appartient à la Ville de Paris, la visite présidentielle relève d’une volonté déjà affichée depuis plusieurs années de s’affirmer comme « une terre d’accueil de premier plan pour les plus grands événements sportifs internationaux », pour reprendre l’objectif attribué, en 2013, lors de sa création, au Comité français du sport international.
L’institution a été confiée dès sa création à Bernard Lapasset qui était de la longue cohorte qui a accompagné le chef de l’Etat dans sa visite guidée des installations olympiques cariocas avant d’assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux. Alors président de la Fédération internationale de rugby, Bernard Lapasset avait été à l’initiative de la campagne – réussie – pour l’entrée du rugby à VII au programme des Jeux de Rio.
Pour la seule année 2017, la France aura plusieurs occasions de prouver de nouveau son « savoir-faire » au gré d’événements ponctuels : championnats du monde de handball, dans huit villes du pays ; de hockey sur glace puis de lutte, à Paris ; ou encore de canoë-kayak, à Pau.
Anne Hidalgo en renfort
En attendant, reste encore deux dossiers à remettre au CIO pour boucler la longue candidature olympique : l’un en octobre, l’autre, quatre mois plus tard. Et, entre-temps, encore beaucoup de mains à serrer, d’électeurs à convaincre. Aux côtés du président de la République, Anne Hidalgo a voulu également convaincre l’auditoire présent dans la cité carioca. En espagnol, la maire de Paris a invoqué « l’énergie impressionnante » des Parisiens face aux attentats qui les avait frappés.
L’élue socialiste a prévu de rester « quinze jours » dans la métropole brésilienne, où elle a déjà rencontré son « cher ami » Eduardo Paes, l’édile de Rio de Janeiro. Lundi 8 août, elle lui succédera officiellement à la présidence du « C40 », réseau de 83 des plus grandes métropoles du monde.
A chacun ses symboles. Face aux médias, plutôt que de parler sécurité, le champion olympique Teddy Riner a mis en avant « l’implication des sportifs dans le projet » de Paris 2024. Dans son costume extra-large de porte-drapeau de la délégation française, le judoka a ensuite accompagné François Hollande lors de l’inauguration du Club France, quelques embouteillages plus loin. Pendant la quinzaine, toutes les célébrations de médailles françaises se tiendront à l’intérieur de la Sociedade Hipica Brasileira, club sélect qui ouvre ses portes aux sportifs tricolores le temps de la compétition. Ils ne manqueront pas d’y arborer, à côté de leurs médailles, le pin’s de Paris 2024.